Les natures mortes

C’est en 1950 qu’Harburger, déjà sensible à la poésie des choses humbles durant ses années algéroises, entame une longue série qu’il nomme « Natures mortes de la réalité ». À travers elles, s’exerçant inlassablement à l’observation des objets de la vie de tous les jours, il s'emploie à exprimer au plus près le ton local, à modeler les contours par les valeurs, à dompter les influences colorées de la lumière et les mystères de l’ombre, à superposer avec justesse les transparences pour rendre l’« épiderme du réel ».« Il restitue son prestige à l’objet et le rend perceptible par le sens du toucher, écrit Waldemar-George pour la revue L’Arche. Il n’use du trompe-l’œil, ce subterfuge plastique, qu’avec modération. Il évite les écueils du style photographique et de l’illusionnisme. La fiction et la nature des choses coexistent dans ses œuvres.»

Nature morte aux asperges, vers 1930,
huile sur toile, 59 x 81 cm.
Musée des Beaux-Arts d’Alger.

 

Cette œuvre a figuré dans l’exposition « L’École d’Alger (1870-1962) » présentée en 2003 au musée des Beaux-Arts de Bordeaux. Pour Dalila Mahammed-Orfali, directrice du musée national des Beaux-Arts d’Alger, «cette nature morte, particulièrement originale, exprime un moment de vie saisi sous son aspect le plus simple ; Nous nous trouvons là devant une représentation sans apprêt de nature morte qui, par son réalisme frugal, incite le spectateur au partage du rituel de l’existence. »

Cuivre, fromage et pain, 1972,
24 x 19 cm.
Paris, collection particulière.

 

Cette nature morte de la réalité a été déclinée par Harburger sous forme de trois peintures hiéroglyphes – Pain de profil, Pain et fromage clair, et Pain et cuivre, couteau – elles aussi réalisées en 1972, Cuivre, fromage et pain, 1972.

“C’est curieux, je fais des pains de plus en plus concrets, je touché la réalité” écrit Francis Harburger dans son carnet manuscrit en 1997, pour décrire sa dernière nature morte.

Les Reliefs du gros pain farineux, 1997,
huile sur toile, 36 x 48 cm. Collection particulière